lundi 13 avril 2020

Dé-marche


Si la marche est innée, la dé-marche est forcenée. 
Il en est que ces successions d'horizons qui découpent le ciel d'un voile gris toujours plus bleuté attire et rend courageux. 
Pour moi c'est à coup de mental, de mémoire et de conviction qu´un jour je franchis ce seuil invisible qui passe de la douleur au plaisir, vierge mal mariée qui un jour découvre un amant. Passées 2 à 3 semaines de pédales à marche forcée, je prends goût à ces horizons en diagonale et ne cherche plus prétexte à y rechigner. 

Dans l'espoir vain qu'un jour un important troquera contre ce maigre soulagement l'illusion sésame de vrais ou faux papiers. De cet administratif, ni ami ni hâtif, il en est ainsi, quand d'autres à la naissance plantent un olivier, l'existence ici ne vaut que par un arbre coupé. 

Brûler les quelques calories qui m'encombrent l'abdomen me paraît plus faisable que dans un autre domaine, l'exploit surhumain d'obtenir d'un fonctionnaire zélé le droit d'exister après avoir franchi Sahara et Méditerranée. Ou dans une version plus confortable d'aller demander dans une autre maison tout aussi administration, le crédit qui accordera le temps et les compagnons, pour rendre concret le flot d'images qui m'inonde le cerveau en un vague scénario. 
Pour ne pas finir noyé, je pédale pour évacuer. 
Le sel qui coule de mon front me brûle les yeux,  que n'ai-je des sourcils en tissu éponge ?

On ne s'improvise pas fille de joie, on le devient par goût, par conviction ou par intérêt. Sinon c'est triste comme un vote au second tour, on change en élu celui dont on ne voulait pas. 

Station-service


30km depuis dernière ville. 10 avant la prochaine. Fort vent de face. Plus d'eau. 
Et soudain, une oasis, une station-services. Au sens propre. Où 2 femmes droites comme des gitanes s'accrochent chacune de chaque côté d'une existence que 40 ans espacent. 
Est-ce parce que ce temps les dépasse qu'elles accueillent les soldats abîmés de cette industrie agraire. Agriculture de guerre. 
Née des décombres de 14/18, et des trop-plein de l'armement chimique. 
Les sulfateuses arrosent des vergers plantés comme des bataillons. 
Des champs, des champs. Des champs d'horreur. 
Un régiment d'orangers alignés sans une branche qui dépasse, suivi d'un autre de vigne sous plastique, et d'un autre de nectarines, d'abricots ou d'olives. 
Dont les munitions font la démunition. 
Ces vergers dont les fruits ne connaîtront jamais la maturité. 
Sur des kilomètres, parsemés de quelques pavillons d'officiers agricoles et leur entrepôt de munitions par sacs de 200kilos. 
Phosphates, sulfates, glyphosate mitraillés à la hâte. 
Insecticides, pesticides, écocides, génocides.
Bayer, Monsanto, Pioneer, criminels de guerres. 
Et ces gueules cassées, victimes autant que coupables, qu'on croirait sortis d'un album post 1918 et qui raconte Verdun ou le Chemin des dames. 
Mêmes armes, mêmes effets. 
Des gueules rougies, défoncées avant d'avoir 30 ans. Des éborgnés, des dents déchaussées, des tumeurs à fleur de peau. À planter des fleurs, tu meurs. 
Et pour soulager tous ces soldats, ces 2 femmes superbes. Elles portent jean et chemise coupée, je jurerais qu'elles flottent en robes à volant, échappées d'un fandango. 
Elles me rappellent la dernière scène de Il était une fois dans l'Ouest où Claudia Cardinale vient offrir un seau d'eau aux ouvriers qui construisent le chemin de fer.


Istanbul


Istanbul est une fièvre. 
Elle t'écorche vif de ses putasseries touristiques, ses camelotes de bazar. 
Elle transpire toute cette pacotille que l'occident commande et qui afflue d'un orient extrême. 
Elle t'empêche de dormir. 
Tu ne penses qu'à t'en extraire. 
Et quand l'heure du départ approche tu découvres derrière les hallucinations de ces pépites qui se cachent derrière les arrières cours de ces cités 7 fois villes. 
Au détour d'un pasaj emprunté juste pour fuir le trop plein, de touristes, de racolages, de nausées, j'ai suivi comme un petit poucet des traces intrigantes laissées aux murs. Puis une série de mannequins abîmés habillés de loques. Arrivé dans un sous-sol au sombre clignotement de 2 tubes fluo envahi de costumes. Rester à errer dans ce couloir aussi merveilleux qu'abandonné dans l'espoir d'y rencontrer cet Ali-Baba costumier. 
J'y ai rencontré un Kurde, vendeur de tabac de contrebande, qui m'a rapidement parlé du film que fait son frère sur les "tobacco family" du kurdistan qui paient une taxe à l'état pour avoir le droit de cultiver leur tabac mais n'ont pas celui de le vendre. Des descentes de police qui viennent le confisquer et les mettre à l'amende. Des îles flottantes. 
(teaser : https://vimeo.com/189320795 , le docu final n'est pas fini de monter et devrait durer 90 minutes)
Puis du gouvernement où s'installe de jour en jour une dictature et son fascisme ordinaire. 
De ces Turcs de plus en plus nombreux qui se rallient à ISIS. 
Des résistances Kurdes, Yézidies en tête. 
Je change de plan, je veux aller là-bas 

vendredi 7 septembre 2018

55€


55€ !
Voilà le prix que coûte mon nouveau traitement contre l'épilepsie. En France grâce à la sécu, je ne m'en étais même pas aperçu. 
Une idée de bizness : trouver les médocs parmi les plus chers et les plus courus dans.... le tiers-monde, soit sa majeure portion. 
Trouver un médecin peu regardant, s'en faire prescrire quelques paquets "gratuitement" et les revendre avec force plus-value dans n'importe quel pays essoré par l'industrie pharmaceutique, ça ne manque pas à l'atlas. 
Quelques poignées d'euros facilement gagnés. 
Faire financer ses dépenses privées par l'argent public, le pot commun. À la manière d'un Rotschild, bnp paribas, ou tant d'autres banquiers, politiques, ou avocats d'affaires. 
Si l'on me démasque, on me traiterait, à raison, d'escroc, de détournement d'argent public. Je serais condamné au moins à une amende en proportion. Voire à la prison..... 
L'infâmie de l'assistanat avec mon nom exhibé à la une de toutes les presses d'armement ou de btp. 
Trop risqué pour quelques poignées d'euros, mieux vaut en détourner quelques milliards, au moins je ferais partie d'un club très select qui pourrait bien me propulser président de la république à grands renforts de ces médias fort dispendieux que les magnats de l'économie pragmatique (puisqu'il n'est pas d'alternative) et profitable se pressent pourtant d'acquérir. Peu importe les pertes, l'amour de la liberté de la presse, d'opinion, avant tout. 
Quelques milliards qui font la différence. 
Il me suffirait de 2/3 envolées hystériques pour agrémenter un discours vide, fait de lieux communs. De trouver un nom qui donne l'illusion d'une évolution.
Parler d'innovation
Et surtout ....de PROJET

Je préfère, et de loin, travailler l'instinct

dimanche 25 juin 2017

Exotisme véhiculaire




De tous les véhicules que j'ai croisé dans les pays que j'ai pu traverser, je dirais que la palme de l'ingéniosité revient aux Albanais. 
Avec des greffons soudés de morceaux à priori incompatibles, ils te font des engins avec l'avant d'un motoculteur, 2 fauteuils de 4L et un cul de charette ou de tricycle. Avec 2 scooters délabrés et une brouette ils te font une camionnette. 
Et la palme du chargement revient aux Turcs. 
À part à Istanbul, je n'ai pas vu une voiture avec une seule personne à bord, ou alors c'est que la cargaison ne laisse pas de place humaine, et encore.... toi en tant qu'Européen, tu crois qu'il n'y a plus de place... y'en a toujours assez. 
Aujourd'hui j'ai vu une peugeot 309 avec 11 personnes à bord dont 4 adultes. 
À l'avant, sur 2 sièges, on peut facilement en caser 5. 2 par fauteuil, dont un gamin entre les cuisses du pilote, plus un 5e sur le frein à main. Et à l'arrière en superposant, on en cale aisément 6. Peut-être même qu'il y en avait un ou deux dans le coffre ?

Ombre et compagnies


Sur ces plateaux d'Anatolie centrale, l'ombre est rare. 
Et en juin, pas question de compter sur le ciel comme salut, pas un nuage pour égayer ce bleu immaculé. 
Qui dit ombre, dit arbre, et il en est bien peu pour amener quelque verticalité dans ces horizons courbes de blés qui font vibrer l'air au-dessus d'eux. 

Je quête les bosquets, de peupliers ou saules, chacun avec son inconvénient. 
Le peuplier est si fusiforme qu'il a peine à retenir ce soleil vertical. 
Le saule est plus étoffé mais sous la chaleur transpire autant que moi, d'une sève poisseuse. 

Qui dit arbre, dit eau, qui rajoute un peu de fraîcheur, et qui dit eau, dit troupeaux. 
Et cette ombre précieuse, aux heures les plus chaudes de la journée, c'est-à-dire de 7h à 23h, qu'on réduit de 13h à 17h, histoire de pouvoir faire quelque chose, il faut souvent la partager. 

L'âne est, encore une fois le plus commode de tous, même s'il est tellement malicieux que quand le sommeil arrive, il a tôt fait de te mordiller l'orteil ou t'ôter ton chapeau. 

Les vaches, passent encore, un peu farouches au début, elles s'enhardissent de ton silence et viennent te souffler de leur gros mufle une énorme bouffée d'air chaud et humide pour t'humer dans un grondement guttural, allant parfois jusqu'à oser la léchouille. 

Les oies nécessitent un peu de diplomatie auprès du jars si elles sont déjà sur place, si tu es le premier, c'est elles qui arrivent à petits pas. Tout comme pour les dindons, un peu bruyants, on doit se faire à leur fientage sans retenue. 

Mais le plus désagréable, le seul qui peut me faire changer d'ombrage, c'est le troupeau de mouton. L'odeur de suif, c'est tenace. Et encore quand ils viennent d'être tondus, le suif frais passe à peu près, mais quand ils trainent 8 mois de suint, l'odeur m'écœure. 

Et les troupeaux ne sont pas le pire, ce sont leurs compagnes, les mouches. 
Je défie quiconque d'arriver à faire une sieste, avec ne serait-ce qu'une seule mouche, dont les refuges favoris sont les narines et les oreilles et qui a comme sournois plaisir ultime celui de venir te suçoter le coin de l'œil. 



Je suis plutôt évolutionniste que créationniste, mais la mouche arriverait à me faire douter. De quelle dégénérescence du vivant peut-elle être l'évolution ?





La mouche a été créée pour importuner l'humain, j'en veux pour preuve que de toutes celles qui volettent autour d'un troupeau, les plus nombreuses sont autour du berger.

J'aimerais un jour avoir ce qu'il faut de pugnacité, de sérénité, de placidité ( je ne sais pas ce qu'il faut tant j'en suis loin) pour arriver à sommeiller en accueillant une mouche dans ma narine. 
De mon vivant. 

samedi 24 juin 2017

Olympisme ordurier


Bord de route
Vallée fruitière de guerre agraire 
Bidonvilles de matières humaines échouées
2 chaises vides, pick-ups trémoussant
Une occupée
Elle s'offre en proie, n'ayant rien d'autre à troquer
À ces hommes mieux placés et qui ont faim
Faim d'une femme comme d'une poule un chien abandonné que l'hiver affame. 
Chien sans maître. 
Sang, sang disent....
110 mètres, hey ! 
10 fois sautées. 
Mais dalle d'argent. 
Seconde pelasse. 
Peau lisse, peau lasse. 
Police et PAF
Retour à l'envoyeur 
On jouit aux limbes. 
Hic !
5 anneaux enlacés, esclaves en bracelets. 
Aux bras si laids. 
Pas un à se mettre au doigt. 
A l'annulaire
L'anus à l'air
Et embrasse-les