Si la marche est innée, la dé-marche est forcenée.
Il en est que ces successions d'horizons qui découpent le ciel d'un voile gris toujours plus bleuté attire et rend courageux.
Pour moi c'est à coup de mental, de mémoire et de conviction qu´un jour je franchis ce seuil invisible qui passe de la douleur au plaisir, vierge mal mariée qui un jour découvre un amant. Passées 2 à 3 semaines de pédales à marche forcée, je prends goût à ces horizons en diagonale et ne cherche plus prétexte à y rechigner.
Dans l'espoir vain qu'un jour un important troquera contre ce maigre soulagement l'illusion sésame de vrais ou faux papiers. De cet administratif, ni ami ni hâtif, il en est ainsi, quand d'autres à la naissance plantent un olivier, l'existence ici ne vaut que par un arbre coupé.
Brûler les quelques calories qui m'encombrent l'abdomen me paraît plus faisable que dans un autre domaine, l'exploit surhumain d'obtenir d'un fonctionnaire zélé le droit d'exister après avoir franchi Sahara et Méditerranée. Ou dans une version plus confortable d'aller demander dans une autre maison tout aussi administration, le crédit qui accordera le temps et les compagnons, pour rendre concret le flot d'images qui m'inonde le cerveau en un vague scénario.
Pour ne pas finir noyé, je pédale pour évacuer.
Le sel qui coule de mon front me brûle les yeux, que n'ai-je des sourcils en tissu éponge ?
On ne s'improvise pas fille de joie, on le devient par goût, par conviction ou par intérêt. Sinon c'est triste comme un vote au second tour, on change en élu celui dont on ne voulait pas.